Les coups de cœur d’Anne Panasuk; chronique livres
Guillaume Brodeur, volume 15 no 6, août 2007
Passer ses journées à feuilleter magazines et découpures de journaux, rien de plus normal pour cette journaliste de Radio-Canada. Mais quand Anne Panasuk raconte qu’elle doit absolument lire quelques pages avant de s’endormir, et qu’elle dévore parfois même ses bouquins en marchant (!), la lecture relève davantage d’une véritable passion que du train-train quotidien.
Issue d’une famille aux mœurs plutôt conservatrices, c’est d’abord à travers l’œuvre de Simone de Beauvoir qu’Anne Panasuk s’est intéressée au nouveau monde qui s’ouvrait à elle. « Simone de Beauvoir m’a fait comprendre qu’on pouvait être une intellectuelle, à l’égal de l’homme, et foncer dans la vie. Ç’a l’air un peu vieillot aujourd’hui, mais elle a influencé toute une génération de femmes qui l’ont prise comme modèle. »
La journaliste s’est par la suite plongée dans les récits d’êtres humains qui résistent, qui survivent à des difficultés épouvantables; ce qu’on appelle la résilience. Dans Le mort qu’il faut, Jorge Semprun, un communiste espagnol qui a été emprisonné dans les camps de la mort, raconte comment il a été possible d’y survivre grâce à la fraternité et à l’entraide. « Semprun explore les deux facettes de l’âme, comment l’homme peut être terriblement méchant et solidaire à la fois. Une excellente lecture pour les adolescents. »
Et pas seulement en raison des bienfaits que la littérature apporte à l’apprentissage du français. Anne Panasuk croit qu’elle nous apprend d’abord à vivre. « On lit pour s’élever. Les bons romans permettent d’outrepasser ses petites douleurs et de découvrir de nouveaux aspects de l’humanité. Lire, c’est une ouverture extraordinaire sur le monde. »
De grandes qualités qu’elle retrouve chez Andreï Makine, son auteur fétiche. C’est sans hésitation que la journaliste identifie La Musique d’une vie comme son opus favori. « Je l’offre en cadeau à tous les gens qui me sont chers. Makine fait rêver par les mots. Quand il décrit une gare de l’Extrême-Orient russe par exemple, on peut presque en sentir l’odeur. »
Sa plus récente trouvaille: De Chair et d’Âme de Boris Cyrulnik. « Un essai magnifique sur le bonheur qui n’a rien à voir avec les recettes psycho-pop habituelles. Biochimiquement, il y aurait des petits et des gros porteurs de sérotonine (hormone du bonheur), des gens qui sont donc plus facilement heureux que d’autres. Mais l’essence du propos de Cyrulnik, c’est que ton environnement peut te permettre d’être heureux même si tu n’y es pas prédisposé. Je crois fermement qu’on dépend des autres à ce chapitre. » Enfant de la Deuxième Guerre mondiale, l’auteur a perdu ses deux parents dans un camp de concentration. « Lui-même est un exemple de résilience, il a réussi à être heureux malgré un mauvais départ… Mon père, qui était originaire de Russie, m’a tellement parlé de ses souffrances de jeunesse et d’immigrant, comment c’est difficile de renaître dans une autre vie, que cette idée m’a toujours suivie depuis. »
Outre le récit terrible des épisodes noirs de l’histoire, Anne Panasuk s’accorde parfois des bonbons un peu plus légers. « J’aime tout particulièrement l’anthropologue Serge Bouchard et son ouvrage L’homme descend de l’ourse. Toujours avec humour, Bouchard écrit des petites nouvelles, des réflexions sur des sujets aussi variés que le baseball, le corbeau ou le mélèze. »
De son passé d’anthropologue auprès du peuple Montagnais, Anne Panasuk a aussi conservé un faible pour les légendes amérindiennes. « Ces explications de vie sont plus que des légendes. Il s’agit des mythes fondateurs qui peuvent nous en apprendre beaucoup… » Si l’on se donne la peine de lire entre les lignes bien sûr!
La prochaine lecture de vacances d’Anne Panasuk? « Le dernier Makine, évidemment. Bien installée dans mon hamac, un verre de vin blanc à la main. » Outil de travail essentiel au travail d’une journaliste récipiendaire de nombreux prix d’excellence, la lecture demeure avant tout une partie de plaisir pour cette femme curieuse et sensible au sort de l’humanité.
Autres textes sur la culture, Chronique de livres.
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aidez-moi à prendre soin du rêve
de mes deux jeunes cinéastes
et de leur documentaire
MON AMI PIERROT
LE DERNIER HOMME LIBRE
SUR LE FONDATEUR DES BOITES A CHANSONS
LES DEUX PIERROTS DU VIEUX MONTREAL
POUR PHOTOS:))))
http://www.enracontantpierrot.blogspot.com
http://www.reveursequitables.com
*Dimanche 19 décembre, 5 à 7 (film à 18h)
Québec, Le Cercle, 228 St-Joseph Est
Réservation: 514 750-3103
*Le film est d’une durée de 45 minutes et sera suivi d’une discussion avec les coréalisatrices.
Coût: 10$
Réservation nécessaire
Pour une rencontre surprenante, une réflexion sur la vie et une soirée différente, venez en grand nombre!!!
Pierre Rochette : l’ermite des routes allume les coeurs
Par Daniel Deslauriers
Depuis trois ans, Pierre Rochette pourchasse les rêveurs partout où il
passe.
« Je suis comme l’allumeur de réverbères du Petit Prince », ditil.
«
J’allume la flamme enfouie dans le coeur des gens que je rencontre
en les incitant à vivre leur rêve. Je vais là où il y a des rêveurs.
Chaque fois que je rencontre quelqu’un, je lui demande : connaistu
quelque part un grand rêveur? »
Pour cet homme à l’allure singulière, chaque humain possède en lui
une petite bougie qui mérite d’être allumée et nourrie. Par peur ou
par conformisme bien souvent, les gens passent à côté
d’expériences merveilleuses, selon lui. « Je suis assoiffé de
contribuer à une nouvelle vision : un pays « oeuvre d’art » où chaque
citoyen, en rêveur équitable, prend soin de la vie privée de l’autre
sans intérêt personnel caché. Imaginez la fête quand toutes ces
chandelles illumineront le pays. »
Tournant décisif
Il n’a fallu qu’un seul regard, un simple sourire, pour le convaincre de
tout abandonner encore une fois et de prendre la route.
« Complètement édentée, c’est probablement l’une des femmes les
plus laides que j’ai rencontrées, mais il y avait plus d’amour dans ce
regard que dans tout ce que j’avais pu écrire. » De là est née l’idée
de faire le tour du Québec à pied pour écouter les gens et les aider à
réaliser leur rêve.
Avec son bâton de pèlerin, sa vieille guitare et son sac à dos, le vieil
homme à la barbe blanche a traversé le Québec plusieurs fois. Il a
dormi sous des ponts, dans des fossés et sur des congélateurs. Il
mange quand il le peut sans demander quoi que ce soit. « Je me
nourris de toutes ces rencontres avec ces milliers de gens qui
partagent leur histoire avec moi », ditil.
« Un jour, j’ai rencontré un homme qui sautillait sur place et agitait les
bras comme un fou. Je lui ai demandé pourquoi il bougeait sans arrêt
et quel était son rêve. Il m’a répondu : je veux faire un métier qui va
me permettre de bouger sans cesse. Je l’ai croisé à nouveau sur ma
route, peu de temps après, il était devenu éboueur. Quel beau métier
pour cet homme qui avait un rêve. »
Documentaire
Cette aventure a inspiré la production d’un documentaire de 50
minutes (voir démo au http://www.enracontantpierrot.blogspot.com). Avec
des moyens de fortune, deux jeunes finissantes en journalisme de
l’Université de Montréal, Véronique Leduc et Geneviève VézinaMontplaisir,
l’ont suivi sur la route pendant deux ans. « Je l’ai
rencontré par hasard en octobre 2007.
Il avait dormi sur la galerie de la salle de spectacle de mon copain à
Lavaltrie », explique Véronique Leduc. Au début, je l’ai trouvé bizarre.
On a jasé un peu, puis il a sorti sa guitare. J’ai été captivé par son
histoire et l’idée d’un documentaire a germé tout de suite. »
« Bien sûr, Pierrot ne fait pas l’unanimité auprès de tout le monde »,
explique Véronique. « Son choix de vie, c’est un peu égoïste dans un
sens, mais, en même temps, il est tellement tourné vers les autres.
C’est un personnage très attachant. »
Présenté en avantpremière
au théâtre Le Patriote de SainteAgathedesMonts
le 30 octobre, Pierrot : Le dernier homme libre s’amène au
Café Qui fait quoi du 3428, rue StDenis,
à Montréal le 4 décembre à
20 heures (entrée 10$).
« À 61 ans, je suis hanté par le succès de ces filles. En même temps,
je suis complètement déstabilisé parce que le film porte sur moi. J’ai
besoin que la salle soit pleine, pour elles, mais j’aimerais aussi
m’enfouir 10 pieds sous terre, par trop de fragilité. »
Au service des autres
Son aventure lui a inspiré plus d’une centaine de chansons depuis le
début de son vagabondage. « Je me suis inspiré de la vie de tous
ces gens que j’ai rencontrés au fil de mon voyage. »
Pierrot le vagabond est formel : la souffrance est nécessaire pour
remplir son coffre à outils. Plus on souffre et plus notre coffre à outils
s’enrichit.
« C’est aussi le message que je veux transmettre. En fait, si j’ai une
seule crainte, c’est celle de ne pas avoir assez servi. Je ne suis pas
libre parce que je travaille. Dans les épreuves comme dans
l’abondance, il faut s’occuper du rêve des autres. »
Et puis d’un seul trait, après deux heures d’entrevue, Pierrot range sa
guitare et ses souvenirs. « Je dois reprendre la route », ditil
sans
prévenir. « Il y a d’autres rêveurs qui attendent…
L’homme derrière le vagabond…
Par Daniel Deslauriers
Fou ou génie? Une chose est sûre : ce vagabondpoète
ne laisse
personne indifférent. Son parcours de vie est à l’image des routes
qu’il arpente jour et nuit : tortueux et imprévisible.
Originaire de La Tuque, il a grandi à quelques rues du grand Félix
Leclerc. « Mon père a été le premier, au Canada, à ouvrir une station
de télévision communautaire dans les années ‘60 », explique cet
ermite des routes. L’expérience a mal tourné. Ruiné et sans le sou, il
confie son fils aux frères du Collège Jean de Brébeuf à Montréal.
« Je peux me vanter d’avoir été le seul pauvre à étudier dans ce
collège en échange d’un peu de travail », ditil
avec un grand rire.
Plus tard, il enseignera la philosophie au Conservatoire de musique
de Montréal avant de se consacrer corps et âme à la musique. Il
fonde le groupe Les Contretemps, puis ouvre la boîte Les Deux
Pierrot dans le VieuxMontréal
et chante un peu partout dans le
monde (Afrique, Allemagne, France et Japon). « Je n’ai jamais
manqué de travail », précise Pierre Rochette avec une certaine fierté.
Libre comme l’air
Mais, l’appel de la liberté le tenaille sans cesse. Et puis, à l’aube de
ses 50 ans, en plein spectacle et au beau milieu d’une chanson de
Jacques Brel, il quitte la petite scène de l’Auberge La Calèche à
SainteAgathedesMonts
en disant :
Tabarnack,
laissezmoi
partir!
« Il nous restait encore trois ans de contrat », explique l’imprévisible
Pierrot. « Je ne suis jamais remonté sur scène. »
Son partenaire de scène, Denis Lamarre, ne lui en veut pas.
Ensemble, ils ont fait plus de 3 000 spectacles au Québec et chanté
devant plus d’un million de spectateurs pendant les 18 ans de leur
association. « Pierrot est un homme sans attaches », ditil.
« Il a
toujours insisté pour serrer la main de tous les spectateurs présents.
C’est un homme généreux, tourné vers les autres, mais qui veut
rester libre dans toutes les facettes de sa vie. »
Il donne ensuite sa maison, ferme ses comptes de banque et
distribue tout son argent. Il laisse derrière lui ses trois enfants, issus
de trois unions différentes, et bon nombre d’amis dans son village
d’adoption, ValDavid,
où il a été conseiller municipal avant de faire la
chasse aux gourous (Médecins du Ciel) dans une saga qui a
alimenté les médias pendant plusieurs mois en 1995.
Assoiffé de connaissances
« J’ai quitté la maison en laissant la porte ouverte avec, comme
seules possessions, les vêtements que je portais et ma vieille guitare
Yamaha. »
Il s’enferme ensuite, sept jours sur sept, dans une bibliothèque de
Victoriaville pour « raffiner sa culture générale » et « trouver sa place
dans la littérature mondiale. » Assoiffé de connaissances, il lit
régulièrement une dizaine de livres en même temps en commençant
toujours par la fin. Avec une maîtrise sur le rire en poche, il prépare
maintenant un doctorat en intelligence collective.
Le squatter, qui sommeille en lui, s’installe ensuite au soussol
d’une
librairie alternative de cette ville. Entouré de livres, il dort sur une
table. Il termine alors l’écriture du premier tome (Monsieur 2.7K) de
sa trilogie. Son oeuvre compte plus de 3 000 pages. Depuis quelques
jours, ce premier tome est disponible gratuitement sur le web à
l’adresse qui apparaît plus bas.
« Je suis un homme choyé. J’ai eu de bons parents et de bons
partenaires de spectacle. Il insiste pour parler de son partenaire
actuel, Michel Woodard, un vieil ami chansonnier qu’il a retrouvé
après 35 ans de silence. Avec lui et sa conjointe Marlene Hall, ils ont
décidé de réseauter tous les « rêveurs équitables » de la planète et
organisent, de façon ponctuelle, des rencontres avec le public. Un
site internet a été créé dans cette foulée (
http://www.reveursequitables.com).
merciiii….
pierrot@reveursequitables.com
:)
Bonjour.
J’ai laissé passer votre présentation. En espérant que cela puisse vous faire connaître un peu.
Je vous propose cependant pour une prochaine fois d’être plus synthèse dans votre présentation. Il est fort peu probable qu’un long commentaire comme vous l’avez fait intéresse faciement tout le monde.
La pire chose qui peut arriver à un philosophe c’est :
Qu’un professeur de philosophie médiocre (Pierre Rochette) dénature sa philosophie sur le rêve pour se partir une « gagne ».
Je ne pensais pas vivre cela de mon vivant!
Pierre Rochette a bénéficié d’un accès privilégié à mon processus de création. Il aurait pu faire le choix de faire le bien, en le fessant bien! Il a plutôt choisi la facilité de la tricherie malgré les enseignements que je lui ai donnés.
Moi, Gérard Cadieux créateur de la philosophie du Wow et auteur du livre » Le Prince a réussi » tiens à me dissocier des activités de « Rêveur équitable » et de ses exploitants.
Le tout étant fait sans mon consentement.
Puisse le fatum rattraper les tricheurs et tenir loin de vous les tueurs de rêves! Wow-T=G3 (wow moins la tricherie égale le génie au cube)
Gérard Cadieux
Créateur de la philosophie du Wow décrite dans le livre « Le prince a réussi »
Est-ce que le « numérique » facilitera les impostures ?
Bonjour M. Cadieux.
Vous demandez si le numérique facilite les impostures. Est-ce que dans le cas de la tricherie que vous soulevez cela implique le numérique?