Faire face à ses préjugés
Les Blacks sont tous les mêmes
Toutes les images que je me suis faites des blacks sont rarement, sinon très rarement, reluisantes.
Jean-Pierre Bellemare dossier Chroniques d’un prisonnier
Il est vrai qu’au pénitencier nous n’avons accès qu’à la fine fleur de cette communauté. Sans discrimination, les blancs ne valent pas mieux au royaume de la racaille.
La plupart de ceux que j’ai côtoyés étaient des membres de gang, des proxénètes, tueurs, violeurs et j’en passe. Leur accoutrement, quoique quelque peu différent par les couleurs qu’ils aiment afficher (dont le rouge et le bleu), ne les distingue pas vraiment.
Le bling-bling qui consiste à flasher avec un maximum de bijoux rendrait fou un bijoutier en période de sevrage.
Depuis ma sortie, on m’a parlé d’un Black, un ami qui contrôlait le racket sur Ste-Catherine. Curieux, j’ai voulu le revoir dans son élément. Je l’ai manqué. J’ai fini par changer d’idée. Mon retour vers la bonne route ne me permet plus vraiment ce genre de contournements, duquel parfois, on ne revient pas.
Le Café Graffiti offre gracieusement des cours de rap ou de break dance, ce qui donne l’occasion à certains Blacks de montrer de quoi ils sont capables. Je fus impressionné, et je dirais même un peu gêné, par leur gentillesse. Au pénitencier, une gentillesse est une façon polie de préparer le gars à une raclée ou à un coup de poignard.
Voilà un peu comment ça se passe dans ma tête après une période aussi longue de séquestration méritée.
Pour ce 3ème Noël comme homme libre, je suis nouvellement fiancé à une femme asiatique d’une douceur enivrante et d’une bienveillance qui me laisse sans mot.
Elle s’occupe après l’office du dimanche de nourrir, écouter et supporter les itinérants autochtones les plus amochés du centre-ville. Je vais la marier parce qu’elle donne le meilleur d’elle-même. Elle n’est pas retraitée, son travail en laboratoire (très exigeant et demandant) ne la freine pas dans son élan de générosité. Ses obligations familiales ne la ralentissent pas n’ont plu. Que dire… je l’aime pas pour rien.
Finalement ce Noël, nous avons été invités chez ses amis. Petit souper intime à l’Île-des-Sœurs avec un prof de McGill et quelques autres érudits en tous genres. Discrètement je me suis fait accepter grâce à mon humour proverbial. Parmi les invités: un Black…?
À l’Île-des-Sœurs, entouré d’une certaine élite intellectuelle… qui étais-je pour me permettre de lui jeter la pierre.
Durant la conversation, j’observais son accoutrement bling-bling: croix immense à la Tupac, camisole juste mais propre, des écouteurs constamment sur la tête et une sorte de regard distant, qui j’avoue, me titillait légèrement, jusqu’à ce qu’il prenne la parole. Il se plaignait d’être obligé de travailler comme assistant s’il voulait terminer son doctorat en biologie chimique ou quelque chose du genre.
Une véritable taloche intellectuelle, j’en prenais pour mon rhume. Ce gars, venu de je ne sais plus quel pays, se préparait à devenir père pour la 2ème fois et sacrifiait tout son temps en travail et en études pour subvenir aux besoins de sa famille.
J’ai vraiment eu honte de moi et au moment où je vous écris, j’en ressens encore un profond malaise. Je suis bien le premier à dire aux gens de laisser la chance au coureur. Laissez-vous surprendre et souvent d’agréables surprises vous attendent.
Que dire, je suis profondément honteux de juger encore aujourd’hui des personnes par leur accoutrement sans avoir pris le temps de les connaître. Je me suis senti indigne, mais ma capacité de résilience me permettra de m’en remettre assez vite. Je souhaite que 2015 apporte à tous cette lumière qui fait si bon de sentir lorsque l’on se sent piégé dans sa propre noirceur.
Mes respects à Bob Marley, Sydney Potier, Nelson Mandela, Martin Luther King et les milliers d’autres qui font grandir l’espoir.
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Les livres de Colin McGregor
Journaliste dans divers médias à travers le pays; Halifax Daily News, Montreal Daily News, Financial Post et rédacteur en chef du Montreal Downtowner. Aujourd’hui, chroniqueur à Reflet de Société, critique littéraire à l’Anglican Montreal, traducteur et auteur aux Éditions TNT et rédacteur en chef du magazine The Social Eyes.
Parmi ses célèbres articles, il y eut celui dénonçant l’inconstitutionnalité de la loi anti-prostitution de Nouvelle-Écosse en 1986 et qui amena le gouvernement à faire marche arrière. Ou encore en Nouvelle-Écosse, l’utilisation répétée des mêmes cercueils par les services funéraires; scoop qui le propulsa sur la scène nationale des journalistes canadiens.
Enjoy our tale of the quest, the human thirst, to find light from within the darkness.
This is a tale for everyone, young and old, prisoner and free.
Love in 3D. Une traduction de L’Amour en 3 Dimensions.
Three teenage friends on a college rugby team in the shrinking community of English Montreal – three friends each facing wildly different fates.
This is the story of Bill Putnam, whose downward trajectory we first begin to trace in the late 1970s, and his friends Rudy and Max.
Teammates, their paths will cross in ways they never dreamt of in the happier days of their youth.
Quebec Suicide Prevention Handbook
Le suicide dérange. Le suicide touche trop de gens. Comment définir le suicide? Quel est l’ampleur du suicide? Quels sont les éléments déclencheurs du suicide? Quels sont les signes avant-coureurs? Comment intervenir auprès d’une personne suicidaire? Comment survivre au suicide d’un proche?…
Ce guide est écrit avec simplicité pour que tout le monde puisse s’y retrouver et démystifier ce fléau social. En français. En anglais.
Magazine The Social Eyes
Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009
4233 Ste-Catherine Est Montréal, Qc. H1V 1X4.
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Suicide: Impact sur la famille
Suicide: Impact sur la famille
Dominic Desmarais Dossiers Suicide et Famille
Un être en détresse s’enlève la vie. Il laisse derrière lui sa famille, ses amis. Pour eux, la vie continue. Il faut préparer les funérailles du défunt. Reflet de Société vous propose le regard de ceux qui sont en première ligne après l’acte fatidique, l’entreprise funéraire.
La mort, Claude Poirier connaît. Depuis 50 ans, il travaille pour l’entreprise familiale Magnus Poirier qui offre des services funéraires. Un demi-siècle à vivre avec la mort sous toutes ses formes. Aujourd’hui directeur-général, il a fait le tour du jardin. De son entreprise comme de la mort. S’il vit de la mort, il ne la banalise pas pour autant. L’homme est sensible au désarroi des autres. Il a appris, avec le poids des années, qu’il vaut mieux exprimer sa douleur que la conserver pour soi.
Le suicide: un sujet tabou
«Il y a quelques années, le suicide était un sujet tabou. Les familles disaient que le défunt était mort d’une maladie. Aujourd’hui, on voit que les gens sont un peu plus ouverts» affirme M. Poirier, calé dans son fauteuil. L’homme a la verve facile. Il s’ouvre sans se faire prier. Il en a tant à dire qu’il reprend son souffle tout en parlant. C’est que des gens éprouvés par le suicide d’un proche, il en rencontre fréquemment. Beaucoup plus que ce que laissent croire les médias. «Le suicide est une cause de décès des plus fréquentes» raconte-t-il avec compassion.
Si les gens ont tendance à s’ouvrir un peu plus qu’hier, c’est peut-être en raison de la place moins grande qu’occupe la religion, croit le directeur-général de l’entreprise funéraire. «Autrefois, lorsqu’il s’agissait d’un suicide, les curés ne se déplaçaient même pas. Ce n’était pas accepté. Le défunt pouvait même ne pas recevoir de service religieux pour son enterrement. C’est dire la frustration vécue par les familles. Aujourd’hui, il manque de curés. Les salons funéraires ont pris leur place. Et nous, on a commencé à s’informer pour aider les familles.»
Famille: culpabilité et isolement
Les causes du suicide ne regardent pas M. Poirier. Ce sont les victimes collatérales qu’il rencontre. «Le pire pour la famille, c’est de ne pas savoir pourquoi. Les gens culpabilisent. Ils se sentent responsables, dit-il. C’est évident qu’ils ont besoin d’un support psychologique. Il faut éviter qu’ils s’isolent», considère le directeur-général qui, dans ses temps libres, est président fondateur de Réseau Ado, un organisme qui fait de la prévention du suicide auprès des jeunes.
Tension aux funérailles
Si chaque funéraille a son histoire, M. Poirier est catégorique: celle touchant la mort par suicide est bien différente. «Avec un certificat de décès indiquant un suicide – c’est aussi vrai pour le sida et le VIH – on sait que la cérémonie sera très émotive. Les esprits sont échauffés, très tendus. Que ce soit un jeune ado ou un homme de 50 ans, il y a deux côtés à la famille. Il arrive des frictions entre eux. La famille du défunt pointe du doigt le conjoint. Elle veut même l’exclure du salon funéraire. On l’a vécu à quelques reprises. Une famille qui engage une compagnie de sécurité pour empêcher l’autre côté de la famille d’avoir accès au salon.»
Approche différente
L’approche du salon funéraire est différente dans les cas de mort par suicide. «Avec ces gens, l’écoute prime, explique François Vézina, directeur de succursale chez Magnus Poirier. On ne commence pas à parler de cercueil. S’il faut prendre 3 ou 4 heures pour la rencontre, nous allons le faire. On se fie à la famille, on s’adapte à eux.
J’ai déjà eu une rencontre de 5 heures. Que puis-je faire quand la famille pleure? Je les laisse. Ils ont besoin d’être seuls. Je me retire et les attend dans une pièce à côté. C’est de la chaleur humaine que ça prend.» Ce jeune homme, aux allures de professionnel avec ses cheveux bien taillés en brosse et ses lunettes stylisées, est lui-même passé par l’emploi de conseiller auprès des familles pour organiser les funérailles. Il affiche une maturité et une ouverture d’esprit peu communes.
Décision à la famille
«C’est la famille qui décide de la tournure de la rencontre. S’ils sont froids, je n’ai pas à les juger. Je ne connais rien d’eux. Je n’ai pas le mort devant moi. J’ai la famille qui reste. Mon fils s’est suicidé à la suite d’une rupture amoureuse. Il y a l’émotion, là. Il peut y avoir de la rancune, comme si c’était la faute de l’ex, si leur fils est mort. Mais il faut leur faire comprendre que la petite amie a peut-être besoin d’aide. On ne peut plus rien pour le défunt. Sauf qu’il y a son entourage. C’est de ces gens qu’il faut s’occuper. Tout ce qui touche la mort subite, c’est de voir comment les gens sont dépourvus. Ils n’ont plus de moyens. Peu importe leur statut social.»
François replonge dans ses souvenirs pas si lointains de conseiller. Il se souvient des difficultés – et des préjugés – ressentis par les familles dont un membre s’est enlevé la vie. «Voulez-vous une annonce pour offrir des dons pour la prévention du suicide?» Bien non, ils ne veulent pas dire que leur enfant s’est suicidé. C’est pire encore s’il s’agit d’une personne âgée. C’est une honte. Et si le conjoint se suicide, immanquablement, ils vont se demander si c’est de leur faute.»
Vie fragile
La culpabilité de ne pas avoir su, de n’avoir rien fait, d’être la cause du départ de l’être aimé. Une culpabilité qui n’a pas d’âge. «Ce que nous avons remarqué, reprend François, c’est que le suicide touche toutes les catégories d’âge. Des fois, les familles n’ont aucune idée. Tout allait bien… Elles ne l’ont pas vu venir.»
Pour se protéger de la détresse qu’il côtoie au quotidien, François se met une barrière. «Moi, je me dis qu’ils vivent un deuil, comme j’en ai vécu et que j’en vivrai encore. Tu prends conscience que la vie est fragile. Les gens planifient pour plus tard, pour la retraite. Moi, quand j’ai envie de faire telle chose maintenant, je le fais. J’en ai trop entendu des mon mari est parti travaillé, il n’est jamais revenu.»
Reflet de Société, Vol.17, No2, Février/Mars 2009 p.16-17
Pour le Québec: 1-866-APPELLE (277-3553). Site Internet. Les CLSC peuvent aussi vous aider.
La France: Infosuicide 01 45 39 40 00. SOS Suicide: 0 825 120 364 SOS Amitié: 0 820 066 056
La Belgique: Centre de prévention du suicide 0800 32 123.
La Suisse: Stop Suicide
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