Suicide chez les autochtones
Entrevue avec Alain Mindjouk, président de l’association Action prévention santé – villages, à Iracoubo en Guyane. Une association qui vient en aide aux Amérindiens. Lui-même issu de culture autochtone, il partage ses connaissances et son expérience sur l’enjeu du suicide auprès des Premières nations.
Delphine Caubet Dossier Suicide, Autochtones
Delphine Caubet: Comment peut-on expliquer le suicide des Amérindiens de Guyane?
Alain Mindjouk: Les explications rejoignent celles du Québec. C’est relié à leur identité. Auparavant, les Amérindiens vivaient en harmonie avec l’environnement, et ils n’étaient pas habitués à ce qu’on leur impose des règles. Mais l’évolution moderne et la technologie ont fait changer les choses. L’État français est venu avec un système, un mode de fonctionnement, mais nous n’étions pas prêts. Ils ont changé notre mode de vie. C’est l’origine du mal-être des autochtones.
Certains choisissent de quitter cette identité, mais on reste amérindien au fond. Les jeunes ont voulu entrer dans cette évolution, mais ils se sont mal adaptés. Par le passé, il y avait également des suicides, mais moins nombreux, et nous disions que c’était dû à des esprits maléfiques. «L’épidémie» de suicide est là depuis environ 10 ans, dans les villages isolés de la France.
Quand je suis venu au Québec, j’ai pu comparer la situation des Premières nations avec nous. On se ressemble, on a les mêmes problèmes. Mais au Québec, il y a plus d’organisation et de structures. Pour arriver à ce résultat, nous faisons appel aux institutions françaises. Et le Québec peut nous aider avec son expérience.
DC: Comment intervenez-vous auprès des autochtones pour lutter contre le suicide?
A.M: Certains ne connaissent pas Cayenne [Ndlr: principale ville du département]. Nous, nous voulons les encadrer, car ils se sentent perdus une fois sur le littoral. Ils sont influencés par le mode de vie et la technologie, c’est là où le mal-être commence. Ils ont beaucoup d’obstacles à surmonter avec les études et leur intégration sociale. Car il y a beaucoup d’ethnies différentes dans le département.
Certains retournent au village, car ils n’ont pas réussi à s’adapter. Mais au village, il n’y a pas de travail et ils commencent à penser au suicide. On essaye alors de les encadrer au maximum. On essaye de leur expliquer les risques des addictions, et de leur remonter le moral. Mais c’est difficile. Moi je suis bénévole et ce devrait être la responsabilité des institutions.
L’association ADER (Action pour le développement, l’éducation et la recherche) a 2 médiateurs qui interviennent sur le terrain. Ils sont implantés localement. Mais le problème est que les coordonnateurs ne restent pas…. 2 ans en moyenne. En plus de ce roulement [qui rend difficile d’établir un lien de confiance], les Amérindiens ne sont pas habitués à parler à un psychologue.
Même si nous sommes sur le terrain depuis des années, c’est très compliqué…
DC: Quels sont les points forts et les points faibles dans la situation des Premières nations au Québec?
A.M: L’un des points forts est que le gouvernement reconnaît les Premières Nations. En Guyane, ce sont des Français, ils ont les mêmes droits que les autres. La France refuse leur identité spécifique. C’est cela qui est difficile. Alors qu’au Québec, dans la réserve, c’est eux qui gèrent. Nous, nous devons demander l’autorisation pour construire des maisons.
Votre niveau de structures est beaucoup plus développé au Québec. Comme avec les Centres d’amitié autochtone par exemple. Je veux en mettre en place ici. Ils porteraient le nom de Centre d’hébergement pour les Amérindiens de Guyane. J’ai dû faire beaucoup de démarches et de demandes, mais j’ai mis de l’avant les besoins en santé de notre population et notre différence culturelle.
Même si la France ne veut pas reconnaître notre identité, nous avons conscience de nos coutumes et nos langues. Beaucoup d’Amérindiens ne parlent pas français. Et il y a urgence, car lorsqu’un Amérindien arrive à l’hôpital en ville, il est perdu. C’est avant qu’il faut agir et les aider.
Je me suis battu pour ce projet. J’ai montré au préfet [représentant de l’exécutif] la nécessité d’avoir de telles structures spécifiques aux Amérindiens. Je lui ai fait voir la réalité avec toutes les difficultés que nous rencontrons, et avec tous les problèmes comme l’alcool… Le préfet est d’accord, c’est bien parti pour qu’un tel centre voie le jour.
En point négatif au Québec, malheureusement vous avez les mêmes problèmes que nous. L’échec scolaire, l’alcool ou encore la discrimination en ville. Encore que chez nous, cette discrimination est moins accentuée, car il y a beaucoup d’ethnies en Guyane.
Santé et peuples autochtones
À l’automne 2013, Alain Mindjouk est venu au Québec avec plusieurs de ses concitoyens pour une rencontre franco-québécoise sur l’enjeu de la santé des peuples autochtones.
Comme le souligne Hélène Lamaison, responsable à Guyane Promo Santé, la Guyane est le seul département français d’outre-mer avec une population autochtone. Au total, il y aurait environ 12 000 Amérindiens français. Et cette petite population n’incite pas les chercheurs de métropole à étudier leurs enjeux.
Alors, les associations guyanaises regardent le Québec, lisent les recherches et s’inspirent de leurs expériences. Mais elles ne reproduisent pas tout, précise Hélène Lamaison. Elles cherchent un échange et des connaissances. Et dans les 2 contextes, il y a un rapport dominant/dominé.
Lors de la rencontre au Québec à l’automne 2013, Alain Mindjouk est reparti stimulé de cet échange. Hélène Lamaison raconte comment il était épaté de voir des autochtones être avocats ou policiers. «Il faut que nos frères le sachent», telle était sa conclusion.
Vos commentaires sur Suicide et Premières Nations
autres textes sur le suicide:
- suicide d’un ami
- le processus suicidaire
- le suicide de notre enfant
- guide d’intervention auprès d’une personne suicidaire
- suicide, tentative de suicide et dépression
- suicide des jeunes
- Prévention du suicide et santé mentale
- le suicide au québec
- survivre au suicide de son enfant
- suicide des personnes âgées: une tentative pour ne plus souffrir
- dépendance affective; causes et conséquences
- intervenir sans faire une dépression
- les cegeps, la détresse psychologique et le suicide
- vih, sida, homosexualité et suicide
- Suicide des Premières nations
- Test sanguin anti-suicide!
- La maladie des émotions
- Dénoncer son agresseur
- Quebec Suicide Prevention Handbook
- Suicide, une responsabilité de toute une société
- Suicide d’un jeune en centre jeunesse
- Suicide en prison
- ensemble pour prévenir le suicide
Autres textes sur Autochtone
- Art autochtone et culture Navajo
- L’arbre de vie des Amérindiens, remède oublié
- La loi sur les indiens et l’apartheid
- Cérémonie du soleil levant
- Val d’Or: des Indiens dans ma ville
- Sagesse autochtone : « Tout ce qui est vrai est beau »
- Le Jardin des Premières Nations
- Les murales de Fanny Aishaa et les autochtones
- Justice et valeurs sociales autochtones
- Val d’Or; itinérance, jeu compulsif, alcool et drogue
- Le logement à Val d’Or pour les autochtones
- Kistcisakik: le village sans école
- Musée de la civilisation à Québec: Premières Nations et autochtones
Trois mots pouvent décrire le cheminement artistique de la muraliste Fanny Aïshaa: Unité, biodiversit
é et diversité des peuples.
Visitez la boutique de Fanny Aïshaa. Fanny y présente des reproductions de quelques-unes de ses oeuvres. Que ce soit avec une affiche 8.5 » X 11 » à 5$, une carte de voeux à 4$, un T-Shirt à 20$ ou encore un Sweat-Shirt à 40$, les reproductions de Fanny sont une façon originale de la soutenir dans ses différents projets de création avec les peuples autochtones tout en ayant une
partie de son oeuvre chez vous.
Autres artistes de la boutique des Éditions TNT:
- Graffiti: Cyril, Vilx, Monk-e, Luc Bouchard, Fléo, Strike, Axe, Arpi, Fanny Aĩshaa, Toxic, Ruks, Hubert Therrien, Man, Dr Shorty, Skiz,
- Breakdance: Lazy Legz
- Bandes dessinées: Ray Lengelé
- Illustration: Mélanie Gauthier, Janie Richard, Lucie Latour, LEB, Stress, Jos, Brenda
- Peinture: Leb, Nozerand
- Photographie: Annie, Nicole-Sophie V., Juan
- Tatoueurs: Paskalamak, Verom
Lettrage, bannière et T-Shirt promotionnel.
Vos commentaires sur Suicide et Premières Nations
Filed under: autochtones, Suicide, suicide assisté, suicide chat | Tagged: alain mindjouk, autochtones, hélène lamaison, indiens, premières nations, Suicide, suicide autochtones, suicide indien, suicide premières nations | Leave a comment »
Suicide et les moyens pour se tuer sans souffrance
Pour les obsessifs et compulsifs
Un trafic bien mal acquis
Les appellations de ces sites Internet sont nombreuses: moyens pour se suicider, se suicider sans souffrance, comment se suicider rapidement, comment mourir sans souffrir…
Raymond VigerDossier Suicide
Plusieurs sites ont tenté de faire des interventions similaires. Plusieurs ont dû cesser, compte tenu de toute l’énergie que cela nécessite pour être fait dans les règles de l’art.
Il peut même y avoir des poursuites légales. Même si je suis québécois j’ai été enquêté par la Gendarmerie Française. Parce que la blogosphère ne se limite pas au Québec, mais rejoint tous les pays francophones.
Pacte de suicide
Il y a eu un pacte de suicide entre 2 françaises qui se sont tuées devant un train. J’ai fait les manchettes en France. Une des personnes avaient été sur mon site. La famille a déposé une plainte en disant que c’était à cause de mon site que le pacte de suicide avait pu être complété.
La gendarmerie a fait enquête pour se rendre qu’effectivement, une des personnes était venu sur mon site mais pas la 2e. J’ai eu à prouver que les personnes recevaient une aide adéquate et qu’une modération rapide évitait que les internautes puissent échanger leurs coordonnés facilement. Le site français où les 2 femmes se sont rencontrées et échangées leurs coordonnés à été contraint de fermer. Je ne sais cependant pas s’ils ont eu des amendes à payer.
J’ai eu à prendre des contacts avec plusieurs corps policiers à travers le monde pour certaines interventions internationales. Parce que dans certains cas il faut envoyer la police défoncer une porte lorsque nous considérons qu’il y a une tentative de suicide en cours.
Notre responsabilité face au suicide
Nous sommes responsables, non seulement de ce que nous écrivons nous-même, mais de tous les commentaires laissés par les internautes.
Plusieurs points sont très importants pour la police: est-ce qu’il y a une modération constante et rapide pour:
1- Éviter de donner des moyens pour se suicider. 2- Éviter que les billets ou les commentaires favorisent l’idée de se suicider. 3- Éviter que les suicidaires puissent communiquer directement entre eux en laissant leurs coordonnés pour qu’ils fassent un pacte de suicide
Est-ce qu’un site de ce genre peut aider un certain nombre d’internaute? Fort possiblement. Mais ce n’est pas la question que la Justice va se poser s’il y a un pacte de suicide. Ils vont se demander si la modération est suffisamment rapide, si on a tout mis en oeuvre pour éviter l’échange d’informations entre personnes suicidaires… Ils ne regarderont pas ceux qui pourraient avoir reçu de l’aide, mais celui qui vient de se suicider.
La question qui tue
Pourquoi y a-t-il tant de sites et de blogues accroc à un trafic de personnes qui cherchent à se suicider sans donner les services qu’ils méritent? Les personnes qui cherchent des moyens pour se tuer sont malheureusement très nombreuses. Mais ce n’est pas un trafic d’acheteurs. Pourquoi chercher à se les accaparer quand on n’est pas un intervenant pour personnes suicidaires? Qui va taper sur les doigts de ces sites qui ne sont que des dangers potentiels pour des personnes qui veulent mourir?
Ressources:
Pour le Québec: 1-866-APPELLE (277-3553). Les CLSC peuvent aussi vous aider.
La France: Infosuicide 01 45 39 40 00. SOS Suicide: 0 825 120 364 SOS Amitié: 0 820 066 056
La Belgique: Centre de prévention du suicide 0800 32 123.
Suisse: Stop Suicide 022/ 382 42 42
Portugal: (+351) 225 50 60 70
Forum pour personnes cherchant des moyens pour se suicider.
VOS COMMENTAIRES SUR Moyens pour se suicider et se tuer sans souffrance
autres textes sur le suicide:
Guide d’intervention de crise auprès de personnes suicidaires
Une section du guide est réservée aux endeuillés par suicide.
Le livre est disponible au coût de 4,95$. Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009. Par Internet: Par la poste: Reflet de Société 4233 Ste-Catherine Est Montréal, Qc. H1V 1X4.
Autres livres pouvant vous intéresser:
Biographie de l’auteur.
VOS COMMENTAIRES SUR Moyens pour se suicider et se tuer sans souffrance
Filed under: Suicide | Tagged: actualité, art, Éducation, comment se suicider, crise suicidaire, Culture, news, Suicide | Leave a comment »