La religion et les femmes
L’Église veut pardonner l’avortement
Plus d’un million de jeunes catholiques étaient rassemblés à Madrid, entre les 16 et 21 août, pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ). Les prêtres ont tous reçu pour ces quelques jours, la faculté de pardonner l’avortement, un des pêchés « impardonnable ». Entre doctrine et réalité, il existe un fossé.
Lucie Barras Dossiers Avortement, Religion et spiritualité
Une légère brise de modernité a soufflé sur les Journées mondiales de la jeunesse 2011 : les prêtres mandatés pour confesser durant les 6 jours de fête ont reçu de l’archevêché de Madrid l’autorisation de gracier le pêché d’avortement. Le pape en personne a donné la confession. Au même titre que l’inceste ou l’hérésie, l’avortement est encore passible dans la religion catholique d’une « peine » spéciale pouvant aller jusqu’à l’excommunication. Le Vatican considère cet acte comme un meurtre. Alors que plusieurs manifestations pro laïcité ont émaillé les JMJ, ce geste de grâce a ému de nombreux catholiques pour sa tolérance.
En temps normal, seuls les prêtres « autorisés » peuvent pardonner l’avortement. Au Québec, comme dans plusieurs archevêchés du monde, tous les prêtres ont le pouvoir de lever cette peine. Pour la première fois, peu importe leur origine, tous avaient cette autorisation.
L’avortement dans le droit canon
Benoît-Marc Boyer est vice-chancelier et prêtre du diocèse de Montréal. Il nous explique comment fonctionne le dogme qui encadre la question de l’avortement :
« Il y a deux aspects dans la confession. Le pêché, résolu par l’absolution, et la peine. Celle-ci est une sanction bien particulière qui concerne un certain nombre de cas. Depuis 1983 et le nouveau code droit canonique, ce nombre est restreint. Et l’avortement en fait partie.
Mais attention : pour que l’avortement soit passible de cette « sanction », la personne qui l’a provoquée doit avoir agi sobre et être âgée de plus de 16 ans. Elle doit avoir agi sans connaître la portée de son acte et la peine qu’elle encourt dans l’Église. Enfin, elle ne doit pas avoir agi sous l’effet de la peur.
Ce dernier point est crucial dans la question de l’avortement. Combien de jeunes filles se sont fait avorter sous le coup de la panique, de la peur du jugement ?
« J’espère de tout mon cœur que tous les prêtres savent et respectent cela : la peine n’est applicable que rarement. Nous ne sommes pas des juges. Nous sommes là pour renouer ce qui s’est cassé. Nous ne sommes plus au Moyen-âge », précise le père Boyer.
Une doctrine éloignée des réalités
Est-il encore pertinent, de la part de l’Église, de condamner l’avortement? Prêcher l’amour et trier ses pardons ?
Le père Raymond Gravel a souvent été critiqué pour avoir défendu l’avortement. Il a des idées claires à ce sujet : « Je suis contre l’avortement. Mais, je suis surtout contre la condamnation des femmes qui se sont fait avorter. Qui suis-je pour décider qui mérite d’être pardonné et qui ne le mérite pas? Pour remédier à l’avortement, il s’agit surtout de prévention et de responsabilisation. Il faut que les jeunes sachent ce que représente une grossesse. De toutes façons, lors de la confession, le prêtre n’est qu’un intermédiaire. L’affaire ne concerne que l’intéressée et Dieu.
Pour le père Boyer, un bon prêtre est un homme bon avant d’être celui qui fait respecter la doctrine. « Enseignant au séminaire, c’est ce que je répète à mes élèves. Dans la rue, j’ai choisi de porter la soutane. C’est mon choix, d’autres ne la portent pas. Des gens viennent me demander la confession, et ça ne me dérange pas de les confesser au coin de la rue. »
Un pape ambigu
Ce qui s’est passé aux JMJ en a étonné plus d’un : le pape Benoît XVI n’a pas l’habitude de se prononcer à contre-courant de la doctrine. « Aux JMJ, il s’est produit un extraordinaire temps de grâce. Le pape et les archevêques ont dit aux prêtres que des gens viendraient les voir. Pour qu’ils aient le cœur en paix, levez leur peine. » Pour le père Boyer, l’image d’un pape intransigeant est erronée. « C’est une perception extérieure. Mais à l’intérieur, on découvre souvent autre chose. Lorsqu’en 2005, Joseph Ratzinger a été élu pape, pas un seul archevêque n’a été surpris. Ratzinger était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Cette mission consiste à protéger les dogmes. Il a donc véhiculé par sa fonction cette image de juge autoritaire.
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Avortement pro et anti choix
Pour ou contre l’avortement: pro-choix et anti-choix
Lisa Melia__DOSSIERS Santé, Sexualité et Avortement
Les canadiennes peuvent-elles avorter facilement? En 1988, la Cour suprême du Canada a déclaré invalides les articles 251 et 252 du Code criminel, qui interdisaient l’interruption volontaire de grossesse (IVG), car c’est l’un des droits fondamentaux de la femme que de disposer librement de son corps, droit qui est d’ailleurs protégé par la Charte constitutionnelle. Pour autant, des mouvements dits «pro-choix», c’est-à-dire qui soutiennent le recours à l’avortement, tels que Canadian for choice, la Coalition pour le droit à l’avortement au Canada ou encore la Fédération Québécoise pour le planning des naissances (FQPN), considèrent que de nombreuses améliorations sont à mener.
La première d’entre elles concerne l’information, très largement insuffisante ou partiale. Canadian for choice affirme que dans de nombreux établissements hospitaliers, l’accès à l’information est volontairement bloqué par le personnel médical, qui refuse d’aiguiller les femmes désirant avorter. Le site de l’organisme propose ainsi des témoignages de femmes dont une partie a dû subir un comportement hostile des infirmiers et des médecins.
Certaines femmes qui veulent obtenir un IVG se voient même traitées d’irresponsables, car le personnel médical «présume qu’elles n’ont pas pris de contraception, qu’elles n’ont pas fait attention.» Or, une étude de la FQPN montre que souvent, les femmes demandent ces services en raison d’une défaillance de la contraception.
L’accès aux services d’IVG
La FQPN soutient par ailleurs que l’accessibilité aux soins est très inégale. En effet, seulement 17,8% des hôpitaux canadiens proposent des services complets d’avortement et le chiffre tombe à 12% des Centres locaux de services communautaires (CLSC) pour le seul Québec. La FQPN estime que les CLSC devraient pourtant offrir un suivi complet des femmes enceintes qui veulent interrompre leur grossesse, depuis la prise de décision a priori, jusqu’au suivi psychologique après l’intervention.
Bien que l’avortement soit gratuit, les femmes doivent parfois parcourir de longues distances pour accéder à un établissement qui les acceptent, ce qui entraînent des coûts. D’autant plus que les temps d’attente avant de subir l’opération peuvent aller de deux à six semaines. La Coalition pour le droit à l’avortement au Canada souligne que de plus en plus de canadiennes doivent donc aller dans des cliniques privées, aussi bien pour recevoir l’opération rapidement que pour être reçue par un personnel accueillant et attentif. Or, bien que cela soit prévu par la loi, les provinces de Nouveau-Brunswick et du Québec sont les seules à ne pas rembourser intégralement les patientes dans ces cas là.
Les mouvements anti-choix
Enfin, les mouvements opposés à l’avortement, qui se définissent comme «pro-vie» ont une influence de plus en plus importante. Le 29 mai 2009, George Tiller, médecin pratiquant l’avortement au Kansas, a été abattu par un militant anti-choix, un geste extrême que même les mouvements pro-vie condamnent.
Canadian for Choice souligne pourtant que les mouvements anti-choix tentent régulièrement de faire peur aux femmes enceintes, de les culpabiliser. Ils sont «variés et de plus en plus sophistiqués», affirme la FQPN, qui cite par exemple les stratégies pour occuper les sièges d’usagers des conseils d’administration d’établissements, et qui amènent alors régulièrement à l’ordre du jour la question de la pertinence du maintient des services de planning.
«Force nous est de constater qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir et d’action à poser avant d’obtenir des services accessibles, de qualité, gratuits et respectueux du choix des femmes dans le réseau public de la santé et des services sociaux», conclue la FQPN.
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