Droits parentaux
Le combat d’un père
Assis devant la table, l’air un peu mal à l’aise, Jérôme est déterminé à parler. Son histoire est celle d’autres hommes, mais dont le dénouement peut être plus sombre. Même si dénouement il n’y a pas encore.
Delphine Caubet Dossier Famille.
Jérôme est le père célibataire d’une petite fille qu’il voit régulièrement. Mais pour faire respecter ses droits parentaux, la route a été longue et pénible. Allégations de violence, attouchements, drogues, etc. Il lui aura fallu 3 ans pour obtenir son droit d’accès. Récit d’un père qui s’est battu pour sa fille.
Début du cauchemar
«J’ai 40 ans. Je n’aurais jamais imaginé que ma vie deviendrait comme ça.» Sa vie, pendant plusieurs années, Jérôme ne l’a plus contrôlée. Traditionnellement, les mères avaient la garde des enfants. Une situation qui peut satisfaire des parents, mais pour d’autres pères leur enfant est leur encrage, leur stabilité. Et face au refus de la mère, faire respecter ses droits parentaux peut devenir le combat d’une vie. Comme pour Jérôme.
Alors qu’il se sépare de sa conjointe enceinte de 6 mois, Jérôme est bien décidé à s’occuper de son enfant. Seulement, la mère ne l’entend pas de cette oreille. La naissance donne le ton, il mettra une semaine avant de voir sa petite.
«Au début je pouvais voir ma fille plusieurs fois par semaine, même si ce n’était que quelques heures. Quand elle a commencé à aller à la garderie, c’était bien car j’allais la chercher et je pouvais la raccompagner chez sa mère.» Une relative routine s’installe pour le jeune père, jusqu’au jour où mère et enfant déménagent.
Parallèlement, le ton monte entre les conjoints. En quelques années, Jérôme est signalé 5 fois à la DPJ pour toutes sortes d’allégations, y compris des attouchements. Depuis lors, le jeune père a été blanchi.
Coeur déchiré
Cette lutte judiciaire et juridique pour sa fille a grandement affecté Jérôme. Même si lors de notre rencontre il a l’air en forme, ces années l’ont affaibli. «C’est une histoire à mener au suicide. Je n’aurai jamais pu y arriver sans l’aide de mes proches et de Pères Séparés», explique-t-il.
Jérôme travaille dans une école et de telles allégations auraient pu être dévastatrices pour sa carrière. Heureusement, son entourage n’a jamais perdu confiance en lui.
Mais ne bénéficiant pas de l’aide juridique et pas assez riche pour se payer un avocat, le jeune père fait un choix osé: se représenter lui-même au tribunal. «Depuis toutes ces années, je me suis rendu 14 fois en cour. J’ai calculé que si j’avais dû payer un avocat, j’en aurai eu pour plus de 50 000$.» Quasiment le salaire moyen québécois.
Pendant ce temps, sa conjointe bénéficiait de l’aide juridique. Une nécessité pour sa situation, mais qui induit une différence de poids. Dans certaines circonstances, Jérôme fera appel à une avocate criminelle pour le représenter, notamment durant les allégations d’attouchements.
Avec beaucoup de patience et de soutien, Jérôme s’est soumis à tous les contrôles de la DPJ et de la cour. «Je me dis qu’il faut placer l’intérêt de ma fille en premier.»
Que ce soit les visites à domicile, les fouilles ou les tests de dépistage aux drogues, le jeune père obtempère… mais autant d’intrusion et de violence psychologique ont des conséquences. L’emprise de la bataille lui a pris toute son énergie et sa santé. Pendant 2 ans, Jérôme sera incapable de travailler.
Des séquelles
Aujourd’hui la normalité de la vie de Jérôme est toute relative. Le jugement encadre la garde de la fillette pour les journées classiques, mais dès lors qu’un événement «exceptionnel» (comme les vacances) se produit, tout est chamboulé et prétexte à restreindre les droits de Jérôme.
Le jeune père est maintenant blanchi, mais il est d’une extrême prudence: sa fille ne peut pas jouer dans la ruelle avec les autres enfants et interdiction de venir chez lui avec des amis. «Je suis un père célibataire, explique-t-il. Je ne peux pas me permettre que des enfants viennent chez moi.»
Chaque année au Québec, une semaine est consacrée à la sensibilisation du rôle du père. Une place qui n’est plus celle du pourvoyeur de la famille, mais celle d’une personne qui s’investit dans la vie de ses enfants.
Le Québec connait de grandes avancées en matière d’évolution du droit des pères, mais pour Jérôme comme pour d’autres, il s’agit d’une bataille au quotidien.
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Suicide: Impact sur la famille
Suicide: Impact sur la famille
Dominic Desmarais Dossiers Suicide et Famille
Un être en détresse s’enlève la vie. Il laisse derrière lui sa famille, ses amis. Pour eux, la vie continue. Il faut préparer les funérailles du défunt. Reflet de Société vous propose le regard de ceux qui sont en première ligne après l’acte fatidique, l’entreprise funéraire.
La mort, Claude Poirier connaît. Depuis 50 ans, il travaille pour l’entreprise familiale Magnus Poirier qui offre des services funéraires. Un demi-siècle à vivre avec la mort sous toutes ses formes. Aujourd’hui directeur-général, il a fait le tour du jardin. De son entreprise comme de la mort. S’il vit de la mort, il ne la banalise pas pour autant. L’homme est sensible au désarroi des autres. Il a appris, avec le poids des années, qu’il vaut mieux exprimer sa douleur que la conserver pour soi.
Le suicide: un sujet tabou
«Il y a quelques années, le suicide était un sujet tabou. Les familles disaient que le défunt était mort d’une maladie. Aujourd’hui, on voit que les gens sont un peu plus ouverts» affirme M. Poirier, calé dans son fauteuil. L’homme a la verve facile. Il s’ouvre sans se faire prier. Il en a tant à dire qu’il reprend son souffle tout en parlant. C’est que des gens éprouvés par le suicide d’un proche, il en rencontre fréquemment. Beaucoup plus que ce que laissent croire les médias. «Le suicide est une cause de décès des plus fréquentes» raconte-t-il avec compassion.
Si les gens ont tendance à s’ouvrir un peu plus qu’hier, c’est peut-être en raison de la place moins grande qu’occupe la religion, croit le directeur-général de l’entreprise funéraire. «Autrefois, lorsqu’il s’agissait d’un suicide, les curés ne se déplaçaient même pas. Ce n’était pas accepté. Le défunt pouvait même ne pas recevoir de service religieux pour son enterrement. C’est dire la frustration vécue par les familles. Aujourd’hui, il manque de curés. Les salons funéraires ont pris leur place. Et nous, on a commencé à s’informer pour aider les familles.»
Famille: culpabilité et isolement
Les causes du suicide ne regardent pas M. Poirier. Ce sont les victimes collatérales qu’il rencontre. «Le pire pour la famille, c’est de ne pas savoir pourquoi. Les gens culpabilisent. Ils se sentent responsables, dit-il. C’est évident qu’ils ont besoin d’un support psychologique. Il faut éviter qu’ils s’isolent», considère le directeur-général qui, dans ses temps libres, est président fondateur de Réseau Ado, un organisme qui fait de la prévention du suicide auprès des jeunes.
Tension aux funérailles
Si chaque funéraille a son histoire, M. Poirier est catégorique: celle touchant la mort par suicide est bien différente. «Avec un certificat de décès indiquant un suicide – c’est aussi vrai pour le sida et le VIH – on sait que la cérémonie sera très émotive. Les esprits sont échauffés, très tendus. Que ce soit un jeune ado ou un homme de 50 ans, il y a deux côtés à la famille. Il arrive des frictions entre eux. La famille du défunt pointe du doigt le conjoint. Elle veut même l’exclure du salon funéraire. On l’a vécu à quelques reprises. Une famille qui engage une compagnie de sécurité pour empêcher l’autre côté de la famille d’avoir accès au salon.»
Approche différente
L’approche du salon funéraire est différente dans les cas de mort par suicide. «Avec ces gens, l’écoute prime, explique François Vézina, directeur de succursale chez Magnus Poirier. On ne commence pas à parler de cercueil. S’il faut prendre 3 ou 4 heures pour la rencontre, nous allons le faire. On se fie à la famille, on s’adapte à eux.
J’ai déjà eu une rencontre de 5 heures. Que puis-je faire quand la famille pleure? Je les laisse. Ils ont besoin d’être seuls. Je me retire et les attend dans une pièce à côté. C’est de la chaleur humaine que ça prend.» Ce jeune homme, aux allures de professionnel avec ses cheveux bien taillés en brosse et ses lunettes stylisées, est lui-même passé par l’emploi de conseiller auprès des familles pour organiser les funérailles. Il affiche une maturité et une ouverture d’esprit peu communes.
Décision à la famille
«C’est la famille qui décide de la tournure de la rencontre. S’ils sont froids, je n’ai pas à les juger. Je ne connais rien d’eux. Je n’ai pas le mort devant moi. J’ai la famille qui reste. Mon fils s’est suicidé à la suite d’une rupture amoureuse. Il y a l’émotion, là. Il peut y avoir de la rancune, comme si c’était la faute de l’ex, si leur fils est mort. Mais il faut leur faire comprendre que la petite amie a peut-être besoin d’aide. On ne peut plus rien pour le défunt. Sauf qu’il y a son entourage. C’est de ces gens qu’il faut s’occuper. Tout ce qui touche la mort subite, c’est de voir comment les gens sont dépourvus. Ils n’ont plus de moyens. Peu importe leur statut social.»
François replonge dans ses souvenirs pas si lointains de conseiller. Il se souvient des difficultés – et des préjugés – ressentis par les familles dont un membre s’est enlevé la vie. «Voulez-vous une annonce pour offrir des dons pour la prévention du suicide?» Bien non, ils ne veulent pas dire que leur enfant s’est suicidé. C’est pire encore s’il s’agit d’une personne âgée. C’est une honte. Et si le conjoint se suicide, immanquablement, ils vont se demander si c’est de leur faute.»
Vie fragile
La culpabilité de ne pas avoir su, de n’avoir rien fait, d’être la cause du départ de l’être aimé. Une culpabilité qui n’a pas d’âge. «Ce que nous avons remarqué, reprend François, c’est que le suicide touche toutes les catégories d’âge. Des fois, les familles n’ont aucune idée. Tout allait bien… Elles ne l’ont pas vu venir.»
Pour se protéger de la détresse qu’il côtoie au quotidien, François se met une barrière. «Moi, je me dis qu’ils vivent un deuil, comme j’en ai vécu et que j’en vivrai encore. Tu prends conscience que la vie est fragile. Les gens planifient pour plus tard, pour la retraite. Moi, quand j’ai envie de faire telle chose maintenant, je le fais. J’en ai trop entendu des mon mari est parti travaillé, il n’est jamais revenu.»
Reflet de Société, Vol.17, No2, Février/Mars 2009 p.16-17
Pour le Québec: 1-866-APPELLE (277-3553). Site Internet. Les CLSC peuvent aussi vous aider.
La France: Infosuicide 01 45 39 40 00. SOS Suicide: 0 825 120 364 SOS Amitié: 0 820 066 056
La Belgique: Centre de prévention du suicide 0800 32 123.
La Suisse: Stop Suicide
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