Des intrus dans la tétée : Le cas des médicaments
Isabelle Burgun – Agence Science-Presse

Les Québécoises consomment de plus en plus de médicaments. Elles ont des enfants tard dans leur vie mais allaitent plus souvent. « 40% des femmes enceintes prennent une médication, et près de 18% des médicaments sont des antidépresseurs », annonce Anick Bérard, titulaire de la Chaire médicaments, grossesse et allaitement de la Faculté de pharmacie de Université de Montréal.

Une étudiante à la maîtrise, Marie-Pierre Gendron, analyse actuellement les données recueillies auprès de 40 000 femmes enceintes, qui allaitent ou planifient d’avoir un enfant. Elle bénéficie de la banque d’informations Info-médicaments en allaitement et grossesse (Centre IMAGE) du CHU Sainte-Justine.

Les résultats seront connus à l’été 2008 mais le premier constat montre une augmentation : ces femmes consomme 3% de plus de médicaments qu’il y a cinq ans. Pour l’instant, il y a encore peu de données spécifiques sur les femmes qui allaitent. « Avec l’informatisation de nos données, nous allons pouvoir savoir qui elles sont, quels médicaments prennent-elles et à quelle dose », explique le docteur Bérard.

Créé il y a dix ans, le Centre IMAGE fournit de l’information aux professionnels de la santé qui sont consultés par des femmes qui allaitent ou sont enceintes. Il possède aujourd’hui un registre de grossesse rassemblant des données sur près de 180 000 cas.

Médication : continuer ou pas…

L’ensemble des médicaments passent dans le lait maternel mais généralement à des degrés dix fois moins important que le seuil de risque. Il existe toutefois de dangereux produits, avec en tête de liste les tératogènes – thalidomide, alcool, isotrétinoïne (un dérivé de la vitamine A utilisé comme médicament contre l’acné sévère) – à proscrire, tout comme certains anti-cancéreux.

Près de 55% des grossesses québécoises sont suivies par un médecin de famille ou un omnipraticien. Les généralistes vont plutôt opter pour la prudence et suggérer l’abandon de la médication, ce qui ne serait pas forcément une bonne chose pour les mères et leur enfant, particulièrement en cas de diabète ou d’épilepsie. « Il faut aller au delà de la peur et de l’ignorance. De plus, la dépression et l’asthme non traitées peuvent se transmettre à l’enfant lors de la grossesse », souligne Anick Bérard.

Les mères sont de plus en plus âgées, et donc plus susceptibles d’être sous prescription d’antihypertenseurs ou d’antidépresseurs, lorsqu’elles attendent leur première enfant. La chercheuse rapporte une augmentation des dépressions, de l’asthme ou encore de diabète lié à l’obésité, particulièrement chez les jeunes mères.

La hausse de prescriptions serait également liée à un virage du système de santé qui favorise la prévention. « Les médicaments se donnent plus facilement qu’avant et les traitements de prévention primaire sont nombreux alors que les femmes ne sont pas malades », décrie le docteur Bérard. Sans compter le manque de données sur les risques liés aux médicaments récents.

Allaiter quand même

La composition du lait maternel à maturité renferme 88% d’eau, des sucres simples (à 90% du lactose), des protéines, des minéraux (comme du fer, facilement assimilable), des vitamines et environ 3,5% de graisses. Elle varie au cours de la croissance de l’enfant, passant du colestrum très riche des premiers jours à un lait plus allégé. La composition du lait se transforme aussi au cours d’un même boire pour stimuler l’appétit du nourrisson.

La Société canadienne de pédiatrie recommande l’allaitement exclusif pendant les six premiers mois de vie des nourrissons. Il y a dix ans, 72% des mères québécoises allaitaient leur petit à la naissance et seulement une femme sur dix poursuivait jusqu’à six mois. Le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a mis en place un plan d’action – dont une semaine pour l’allaitement, en octobre – pour hausser ce taux à 85% pour les premiers jours, 60% à quatre mois et une femme sur deux à six mois.

« Ces objectifs sont presque atteints, sauf pour l’allaitement à six mois. Il y a toujours une seule femme sur dix qui persévère », relève Thierry Le Bricon, du département de santé environnementale et de santé au travail à la Faculté de Médecine de l’Université de Montréal.

Et malgré les traces de contaminants de toutes sortes (voir « De l’assiette à la tétée »), allaiter reste ce qu’il y a de mieux pour l’alimentation de bébé. Cela aide aussi à construire un lien privilégié entre la mère et son enfant.

À visiter

Centre Info-médicaments en allaitement et grossesse (Centre IMAGE) du CHU Sainte-Justine
http://www.chu-sainte-justine.org/

Ce billet, ainsi que toutes les archives du magazine Reflet de Société sont publiés pour vous être offert gracieusement. Pour nous permettre de continuer la publication des textes ainsi que notre intervention auprès des jeunes, dans la mesure où vous en êtes capable, nous vous suggérons de faire un don de 25 sous  par article que vous lisez et que vous avez apprécié.

Merci de votre soutien.

PUBLICITÉ

Guide d’intervention de crise auprès de personnes suicidaires

guide-d-intervention-de-crise-personne-suicidaire-suicide-intervention-prevention-suicide-rates-suicide Le guide d’intervention auprès de personnes suicidaires démystifie le suicide. Il permet d’aider les proches à reconnaître les signes avant-coureur du suicide et de déterminer qu’est-ce qui peut être fait pour soutenir la personne en crise.

Une section du guide est réservée aux endeuillés par suicide.

Le livre est disponible au coût de 4,95$.
Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009
Par Internet: http://www.editionstnt.com/Livres.html
Par la poste: Reflet de Société 4233 Ste-Catherine Est Montréal, Qc. H1V 1X4.

Lettrage, bannière et T-Shirt promotionnel