Donnez-moi de l’Oxygène

Quand un père de famille se retrouve à la rue, sans ressource, avec un, deux, trois enfants, où allez-vous le référer pour recevoir de l’aide, trouver un toit sécuritaire rapidement pour lui et ses enfants?

Réjean a 23 ans. Père de deux enfants de 1 an et demi et 3 ans. Comme à l’accoutumée, son ex lui laisse les enfants pour la fin de semaine. Mais elle ne revient pas les chercher. Le voilà père monoparental d’un coup sec!

Il ne peut vivre avec ses deux enfants à plein temps dans une petite chambre. «Pour les fins de semaine, ça allait. Mais à plein temps, le propriétaire voulait rien savoir. De toute façon, ce n’était pas adéquat pour eux». De plus, ça ne lui a pas laissé beaucoup de temps pour s’organiser. «Quand tu es habitué de vivre seul, que tu as les enfants une fin de semaine sur deux, c’est pas pareil de les avoir toujours avec toi. Mais je voulais le faire. Je savais que j’en étais capable. J’avais juste besoin d’un coup de main pour me virer de bord, me réorganiser autrement. J’aime mes enfants et la pire chose qui aurait pu leur arriver, ça aurait été qu’ils soient mis en famille d’accueil». Il quitte son emploi et ose demander de l’aide. Les hommes voient encore trop souvent la demande d’aide comme un aveu d’impuissance. On ne devrait pas avoir honte de demande de l’aide, au contraire, pour un homme, c’est faire preuve de courage. Une travailleuse sociale du CLSC le réfère à la Maison Oxygène.

Après un mois d’hébergement et avec l’accompagnement des intervenants, Réjean s’est trouvé un logement et est prêt à repartir, confiant, avec ses deux enfants. C’est une histoire parmi les centaines vécues par des pères et des enfants qui se retrouvent à la Maison Oxygène. Des hommes qui ont perdu le goût de vivre suite à une rupture amoureuse, d’autres désespérés de retrouver un accès à leurs enfants, ou dépassés par les événements, à bout de souffle, un enfant à la main et un sac rempli de linge et de souvenirs dans l’autre.

À la Maison Oxygène du Carrefour Familial Hochelaga, ils sont accueillis sans préjugés. Nous accueillons les pères et les enfants comme ils sont. Plusieurs nous diront après un jour ou deux: «Je n’ai encore rien réglé de mes problèmes, mais c’est comme si j’avais 200 livres de moins sur les épaules». C’est bien là l’objectif de la ressource: permettre à des hommes en difficulté familiale/conjugale et à leurs enfants de reprendre leur souffle, décompresser dans un milieu de vie sécuritaire et chaleureux.

Pour ce faire, le Carrefour Familial Hochelaga offre aux familles résidentes une panoplie de services et d’activités: rencontre d’entraide, discussion, halte-garderie, atelier sur les habiletés parentales, activités père-enfants, fin de semaine de répit, camps familiaux… Voilà pourquoi, même une fois partis de la Maison, un grand nombre des pères et d’enfants continuent à fréquenter les lieux. Ils y sont fait des connaissances et créé un réseau social.

«Si vous ne m’aviez pas accueilli, je m’en allais tuer ma femme. Vous auriez vu mon nom en première page du Journal de Montréal.» nous dit Denis, père de 2 enfants. Martin, père de 4 enfants, pour sa part, nous confie en partant «Avant de venir ici, je ne savais pas qu’on pouvait avoir du plaisir avec ses enfants.»

La majorité des hommes ayant résidé à la Maison Oxygène (80%) ont vécu de sérieux problèmes de consommation. Souvent, c’est l’aboutissement d’une vie. Plusieurs ont connu les centres d’accueil.

Les raisons qui amènent les pères à utiliser le service:

– Suite à une rupture amoureuse, état dépressif, parfois suicidaire, homicidaire;

– Garder les liens avec les enfants;

– Éviter l’itinérance familiale ou y mettre un terme;

– Éviter la violence;

– Éviter le placement des enfants;

– Faire le point sur sa vie et repartir du bon pied.

À certains moments, la Maison Oxygène doit refuser jusqu’à 2 pères avec enfants par jour, faute de place. La seule ressource d’hébergement pères-enfants au Québec est toujours sérieusement sous-financée, même après 17 ans d’existence et de nombreux prix et reconnaissances.

Site Internet: www.cafaho.org

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funbusy-poesie-urbaine-recueil-textesChantal Lee a vécu la violence physique, les abus sexuels et l’enfer de la drogue, mais elle en a triomphé. Malgré la maladie qui l’afflige, elle partage par sa poésie son amour de la vie et son optimisme à toute épreuve. Un livre rayonnant, à l’image de son auteure.

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