En harmonie avec la nature 04-05-2006

J’ai mentionné, précédemment, que j’avais rencontré Ginette un samedi après-midi (voir Des oh! et des bah!). Ginette vient de Saint-Jean-sur-le-Richelieu. Fatiguée de sa vie de citadine, de ses 3 ordinateurs, son chalet, ses nombreuses voitures, bref du rythme effréné de la ville et sa surconsommation, Ginette s’est poussée pour adopter une vie qui lui sied mieux. « Ça me rendait agressive », m’a-t-elle expliqué, à propos de son ancienne vie. Mariée à un haut fonctionnaire, elle ne manquait de rien sur le plan matériel. Ce qui ne l’a pourtant pas empêchée de se pousser. Du mari, de son train de vie… La jeune cinquantaine, habillée d’une jupe de jeans et d’un tricot vert, elle ne donne pas l’impression d’une hippie partie vivre son trip nature.

Sylvain, son conjoint, possédait sa propre compagnie d’aménagement paysager. Ses clients, de riches propriétaires de Westmount (quartier cossu de Montréal), lui assuraient une vie bien peinarde. Il a tourné le dos à cette vie qui l’aidait à répondre à ses besoins toujours grandissants d’alcool et de drogues. « Moi, quand j’étais esclave de la dope, mon pusher c’était mon boss », affirme-t-il. Bien calé sur sa chaise de bois, sous un soleil de plomb, Sylvain s’ouvre. « Moi, j’ai frappé un mur. 8 fois. Mais ils ne frappaient pas assez fort… »

Il s’est établi avec Ginette en Gaspésie, à l’Anse Pleureuse, depuis 2 ans. Il n’a rien consommé depuis un an. Il met ses énergies sur sa maison, organisée en un écosystème qui bientôt, l’espère-t-il, assurera à son couple tout ce dont ils ont besoin. C’est sa fierté, son rêve.

« J’ai toujours voulu me bâtir un écosystème. Là je le fais. Sur mon terrain. Mes enfants sont très impressionnés par moi », raconte cet homme des bois, les mains écorchées par le travail.

Sylvain a installé 2 panneaux solaires sur le toit de sa remise. Une toute petite éolienne, sur la maison, vient porter renfort aux moments où il n’y a pas de soleil. Sinon, 4 batteries de 12 volts, des batteries de kart de golf, suffisent à alimenter leur maisonnée. Il a mis sur pied un système qui dirige l’énergie de façon à ce que ses appareils aient la juste force pour leur utilisation.

Derrière sa maison, un profond trou. C’est là, à tous les matins, qu’il va puiser l’eau de la journée. Directement dans la nappe phréatique. 10 minutes lui suffisent pour pomper ses besoins quotidien qu’il évalue à 30 gallons. Soit l’équivalent de 6 chasses d’eau par jour. « Mon moment de bonheur de la journée, c’est le soir, quand on prend notre bain! » Une eau, faut-il le préciser, qui est chauffée par le poelle à bois…

« Moi mon énergie, elle n’est pas rentable, économiquement. Ça m’a coûté 6000$, m’installer tout ça. Mais j’économise sur ma consommation », dit-il tout en roulant son tabac. La clope au bec, il repart dans sa réflexion.

« Les maisons ne sont pas faites pour l’humain. Elles sont faites pour le quicailler, le constructeur. Si c’était fait pour l’homme, ça coûterait moins cher. Mais ça, ça aide pas dans une société basée sur la croissance économique… Les choses importantes de la vie, on les a oubliées. On a besoin de chaleur, de contact humain, de se déplacer, de la nourriture. Quand tout le monde aura ça, on pourra s’acheter une 2ème télé, un 3ème téléphone. Mais en ce moment, il y a beaucoup d’enfants qui ne mangent pas… »

Parlant de manger, Ginette adore cuisiner. Sur leur grand terrain, les deux tourtereaux ont semé des plantes, légumes et fruits qui leur permettront, dans un avenir pas si lointain, de subvenir à leurs besoins. Ils ont des poulets et attendent des cochons. Ginette fait à peu près tout elle même. Les pots Masson lui sont très utiles!

Ginette et Sylvain, comme nombre de Gaspésiens rencontré en Haute Gaspésie, ne croient pas aux grosses multinationales pour assurer la survie économique de la région. « Si on fait une agriculture intelligente, une foresterie intelligente, de l’eau propre (ce qui est rare), ils viendraient de partout dans le monde pour voir comment on s’y prend. On appelle ça du développement durable. Mais c’est incompatible faire du développement durable et la croissance économique… », explique-t-il.

L’après-midi tire à sa fin. Je suis attendu à Gaspé. Le temps s’est arrêté, l’espace de 2h30. Un bel échange d’ouverture, humain, entre deux purs inconnus qui se sont quittés avec un large sourire, l’air de dire « quel petit moment de bonheur ».

Comme quoi il suffit de peu de choses…

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