Les jeunes, le sexe et l’alcool
Une petite histoire vient d’être publiée et qui pourrait être anodine. Un album de finissants de la région de Sherbrooke contient des photos de jeunes. Un étudiant nu, d’autres buvant de l’alcool, quelques images à caractères sexuelles…
Une enseignante a supervisé l’album de finissants. Elle a considéré les photos acceptables parce que ça représentait le quotidien des jeunes et les valeurs qu’ils véhiculent. Certains jeunes questionnés ne se sont pas scandalisés, trouvant stupide que des parents se plaignent de l’album.
En tant qu’enseignants dans une école, nous ne pouvons pas nous limiter à endosser toutes les valeurs que les jeunes véhiculent. Souvenons-nous que les jeunes, par définition, sont des êtres en formation et en devenir. C’est l’éducation que nous leur apportons qui peut les aider à se forger. Si on laisse tout passer, sous prétexte que c’est à la mode et que c’est ce que les jeunes veulent, en tant qu’éducateur, on passe à côté de notre rôle et de notre responsabilité d’adultes significatifs. Il faut savoir dire non et s’imposer. Parce qu’entériner tous les gestes que les ados veulent poser, c’est être complice de leurs actes.
Je me remémore les difficultés que le sénateur Rioux avait eu parce qu’il arborait une croix gammée lors de son adolescence. Comment la société va réagir dans 20, 30 ou même 40 ans, lorsque nous découvrirons la photo d’un premier ministre nu à son party de fin d’année du secondaire? Ou encore que vous y découvriez, en tenu d’Adam, votre médecin, votre banquier…
Ce qui peut passer pour une simple connerie d’adolescent aujourd’hui, peut devenir un monstrueux problème à assumer plus tard. Et que va dire cet étudiant à l’enseignante qui a accepté de laisser passer ces photos? Merci de m’avoir laissé créer un squelette dans ma garde-robe? Si l’enseignante avait refusé la publication de la photo, peut-être qu’aujourd’hui quelques ados l’auraient traités de “pas cool” et autres noms du genre. Mais l’adulte dans 20 ans va peut-être avoir une petite pensée pour elle en disant: “merci d’avoir été sévère avec moi. Je n’ai peut-être pas compris pourquoi vous faisiez cela pendant mon adolescence, mais aujourd’hui je comprends et je vous en remercie.”
Notre rôle d’éducateur ne nous amène pas à être aimé de l’ado qui se trouve en face de nous. Mais nous devons espérer être aimé de l’adulte qu’il sera plus tard. Personnellement, je garde un bon souvenir de tous ces éducateurs qui ont passé dans ma vie, avec qui j’ai eu des différents, des différences d’opinions, qui m’ont obligés à me dépasser… Ceux qui disait oui à tout, je les ai oubliés. Si souvenir il y a, il est très peu flatteur.
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On est jeune une fois dans sa vie. Et c’est justement au travers de ce genre d’expérience qu’on apprend à se connaître. Il n’y a donc pas, à mon avis, d’expérience négatives tant qu’on en retire un enseignement.
Là où j’ai de la difficulté à suivre votre raisonnement, c’est de dire que dans 20, 30 ans, le jeune pourrait s’en vouloir… Je pose la question: dans 20 ou 30 ans, aurons-nous oublié que nous étions jeunes? Si on jette le blâme sur un individu pour ce qu’il a fait dans sa jeunesse, ça enlève toute notion de droit à l’erreur. Pire, ça signifie que l’être humain n’évolue pas. Le Premier ministre poserait-il nu? Certainement pas. Il a vieilli, mûri, son identité s’est développée. S’il s’empêche de vivre sa jeunesse par peur que ça lui retombe dessus à un âge plus avancé, alors il se développera mais pas selon la personne qu’il est.
D’ailleurs, le problème est là: reprocher à un adulte des bêtises qu’il aurait pu faire dans sa jeunesse. Qui n’en a jamais fait? Ceux qui n’en ont jamais fait,ont-ils passé leur jeunesse à se retenir, sous prétexte des quand dira-t-on? Alors la personne a agi non pas comme elle aurait voulu, mais par peur du regard des autres.
De la façon que je vois les choses, on a le choix entre une société aseptisée, bien pensante, mais hypocrite où les gens agissent en fonction de LA bonne conscience. Donc des gens qui ne sont pas eux-mêmes. Qui prennent des décisions qui ne leur vont pas nécessairement, mais que la société veut. On ne serait plus maître de notre vie.
Une autre voie, celle que je préfère, est d’accepter que nos jeunes fassent des niaiseries. Qu’ils comprennent par eux-mêmes qui ils sont, ce qui leur va ou non. Pour qu’ensuite, ils s’intègrent à une société en tant qu’eux-mêmes, conscient de leurs forces et faiblesses, leurs intérêts. Pour qu’ils soient heureux dans leur peau.
Commentaire par dominic 25.08.06 @ 6:10
Je comprends que nous n’avons qu’une seule jeunesse et qu’elle doit se vivre. Si un groupe de jeunes décident de se faire un album personnel avec des photos en tenue d’adam, c’est une chose. Mais que cet album soit celui de l’école, j’ai plus de difficultés. L’école est un lieu de connaissances et d’éducation, ce qui implique des limites et des contraintes, ce qui est très formateur pour l’éducation d’un jeune.
Commentaire par raymond 25.08.06 @ 9:09
Et que dire des concours de calage de bière? Les écoles ne peuvent endosser toutes les «niaiseries» que les jeunes peuvent faire sous prétexte de vouloir être plus près d’eux. Les expériences de jeunesse doivent se faire sans l’aval de l’autorité en place. Sinon, ça s’arrête où?
Commentaire par Richard 26.08.06 @ 9:14
Vous avez raison M. Richard. On ne peut tout endosser sans se questionner sur notre responsabilité d’adulte.